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La francophonie au Japon

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Catherine-Sophie de Grandi, présidente des amis d’Emmaüs de Tokyo
Article mis en ligne le 1er novembre 2009
dernière modification le 23 mai 2023
Catherine-Sophie de Grandi : Emmaüs, aider à aider
 
Emmaüs, l’association caritative française fondée en 1949 par le charismatique abbé Pierre dans l’urgence des années de la reconstruction d’après-guerre a essaimé sur tous les continents. La présidente des amis d’Emmaüs de Tokyo, madame Catherine-Sophie de Grandi raconte l’action au présent de ses bénévoles.
 

Franc-Parler : Pourquoi Emmaüs est-elle présente au Japon ?
Catherine-Sophie de Grandi : L’entraide et la solidarité sont des notions qui appartiennent à tous les peuples. Ce qui peut expliquer l’implantation du mouvement Emmaüs à travers le monde. En 1949 quand le père Vallade arrive à Kobe, il souhaite apporter son aide aux personnes les plus démunies dans un Japon en reconstruction. Voilà le point de départ de l’aventure d’Emmaüs au Japon…
 
Franc-Parler : Et à Tokyo ?
Catherine-Sophie de Grandi : C’est sœur Hatsuki qui est responsable de la communauté d’Emmaüs depuis 1977 et c’est une personne, japonaise, qui a un charisme extraordinaire et qui non seulement accueille des gens qui sont vraiment démunis mais qui dans le quartier où se trouve Emmaüs, a une action très importante d’entraide et de solidarité entre toutes les personnes. Je pense que c’est très important de souligner que tout ce travail n’aurait pu être mis en place, cette association des amis d’Emmaüs, elle n’a pu voir le jour et continuer à vivre que parce qu’il y a l’impulsion de sœur Hatsuki qui donne le ton de ce que nous souhaitons faire. C’est elle qui mène vraiment la barque. Nous, on est des petites mains.
 

Franc-Parler : De quelle manière travaillez-vous ? Que faites-vous ?
Catherine-Sophie de Grandi : Alors on a différentes façons d’agir. Je vous parle pour nous à Tokyo. Il y a eu une communauté ici de compagnons, il y a eu l’accueil de personnes au sein d’une maison, d’une communauté. Mais ce n’était pas seulement l’accueil, c’était une vie en communauté, un travail. Donc, travail de récupération, il fallait réparer les objets. Et ces personnes-là qui étaient accueillies au sein de la communauté Emmaüs allaient aussi au devant et au service des gens qui étaient encore plus souffrants qu’eux. Par ce mouvement, il y a tout une chaîne de solidarité qui s’est faite et en parallèle, il y a ce qu’on appelle Les amis d’Emmaüs qui sont des bénévoles qui ont eux, j’allais dire, plus de chance que ces personnes qui sont exclues de la vie et qui viennent mettre leur temps, leurs compétences, leurs savoir-faire au service de ces exclus de la vie pour les aider à retrouver une dignité d’homme. C’est ça en fait notre but. Maintenant, il ne reste plus qu’un seul compagnon à Tokyo mais nous aidons la communauté d’Osaka qui a encore une quinzaine de compagnons. Et donc, nous, nous avons en tant qu’amis d’Emmaüs, des actions. Il y a des personnes qui vont, justement comme il n’y a plus de compagnon pour récupérer les affaires, les remettre en état, et les revendre, il y a des bénévoles qui vont sur place, des chiffonnières. Il y a aussi des ateliers de cuisine, de bricolage, d’artisanat qui sont organisés tous les mois, qui ramènent de l’argent. Nous allons aussi vendre des objets sur les marchés aux puces à Tokyo. Vous savez, ce qu’on appelle les vide-greniers, il y en a qui sont organisés par quartiers. Donc, nous allons faire ça. En contrepartie donc, avec l’argent que nous récoltons, soit nous aidons la communauté d’Emmaüs, soit nous répartissons entre différentes associations ou œuvres caritatives qui viennent en aide aux plus exclus.
 
Franc-Parler : Vous avez parlé de chiffonnières. La plupart des bénévoles sont des femmes ?
Catherine-Sophie de Grandi : La plupart des bénévoles sont des femmes. On est 110 bénévoles : 62 Japonaises et 48 francophones. On est l’association des Amis d’Emmaüs la plus nombreuse au monde.
 
Franc-Parler : Toutes les personnes ont un lien avec l’entraide et la francophonie ?
Catherine-Sophie de Grandi : Emmaüs, c’est quand même au départ un mouvement francophone et les personnes qui ont monté ce mouvement au Japon sont des personnes francophones et il est sûr aussi que quand on met en place une structure ou quelque chose de nouveau, on se tourne dans un premier temps vers les personnes qui connaissent Emmaüs. C’est vraiment un mouvement international, mais à la base, c’est quelque chose qui est français.
 

Franc-Parler : Avez-vous des projets, des aides en cours ?
Catherine-Sophie de Grandi : Juste pour vous dire ce que nous avons fait l’année dernière par exemple, on a offert plus de 200 kilos de riz, on a acheté plus de 400 couvertures, on a aidé aux repas de plus de 500 personnes pendant l’année. On a fourni des médicaments et des couches pour un hôpital de soins palliatifs et on a aussi aidé un centre d’aide aux alcooliques et un centre d’handicapés mentaux. L’année dernière, nous avons fêté les 35 ans d’Emmaüs à Tokyo et là on a fait une vente exceptionnelle à la résidence de France, à l’ambassade. Nous avons pu refaire l’installation de chauffage pour la maison de retraite d’Osaka qui accueille les compagnons d’Emmaüs et les personnes âgées les plus démunies d’Osaka, une maison de retraite qui est gérée avec aussi la municipalité d’Osaka. Donc, là on a fait un boulot extraordinaire et puis cette année, en fait, on travaille beaucoup avec une association qui aide les plus démunis et qui offre des bentos, qui s’appelle l’association Sanyukai.
 

Franc-Parler : Êtes-vous toujours à la recherche de membres, de bénévoles ?
Catherine-Sophie de Grandi : On est toujours à la recherche de membres et de bénévoles, de personnes et d’entraide. Et on est à la recherche aussi de dons : c’est-à-dire que nous ne prenons pas par exemple les vêtements mais si les personnes ont des objets dont elles veulent se défaire, elles peuvent nous contacter. Si les personnes ont des maisons à vider, elles peuvent nous contacter, si les personnes ont des objets anciens dont elles ne veulent plus, elles peuvent nous contacter. Voilà, on essaie de prendre ce qui est en bon état, mais on répare, on a des personnes qui travaillent au Japon, des personnes européennes mais qui ont un savoir-faire et qui, le week-end viennent nous aider pour des meubles ou remettre en état certaines machines.
 
Novembre 2009
Propos recueillis : Éric Priou
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