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Le comédien Guillaume Gallienne, sociétaire de la Comédie-Française
Article mis en ligne le 1er juin 2009
dernière modification le 25 mai 2023
Guillaume Gallienne : Les visages de la comédie
 
Guillaume Gallienne, de la Comédie-Française, est une figure connue du grand public français depuis que Les bonus de Guillaume présentent tous les soirs sur Canal +, à heure de grande écoute, des parodies de DVD de films. En septembre 2006, il avait fait jouer le danseur étoile Nicolas Le Riche dans Huis clos au théâtre de nô Tessenkai et c’est ce même espace qu’il s’appropriera, cette fois pour y camper Saint François, le divin jongleur, le dimanche 28 juin.
 

Franc-Parler : Ce n’est pas une chose qui coule sous le sens de venir jouer sur une scène de nô.
Guillaume Gallienne : Ça, en effet. Ça c’est dû aussi à la particularité du théâtre école Tessenkai qui appartient à la famille Kanze, qui est une famille de nô qui a toujours été ouverte sur le théâtre occidental et en l’occurrence, surtout le théâtre français. C’est d’ailleurs, je crois, la première scène de nô qui avait accueilli un occidental. Puisque Jean-Louis Barrault y avait mimé la comédie devant la famille Kanze, il y a de ça au moins 40 ans. Donc, il y a déjà eu des précédents. Et puis après, ils m’ont accueilli moi, comme vous vous en souvenez avec Huis clos. Huis clos, c’était un projet qui était vraiment élaboré pour le nô, pour un espace de nô. J’avais mis en scène ce spectacle, uniquement pour une topographie du nô, c’est ça qui m’intéressait, c’était de raconter un enfermement supplémentaire. D’enfermer les personnages de Huis clos dans les canons et dans la topographie du nô. Je crée des ponts entre cette œuvre française et le théâtre nô du fait déjà que ce soit une des seules œuvres du répertoire français où on sait que les personnages sont morts. Ce qui est le cas du nô. Là, c’est vrai que Dario Fo, il n’y a aucun rapport si ce n’est la beauté, la spiritualité du lieu puisque c’est le cas de ce texte de Dario Fo qui raconte la vie de Saint François d’Assise. Même si Dario Fo est un communiste athée, je crois qu’il est plus anticlérical qu’athée d’ailleurs, il y a une énorme spiritualité dans ce texte. Forcément puisqu’il raconte la vie de Saint François d’Assise. C’est vrai qu’il n’y a pas de lien aujourd’hui évident en tout cas pour moi entre le nô et le texte mais je crois que ça peut être beau.
 
Franc-Parler : En dehors du théâtre, vous présentez d’une façon, on va dire, insolente les films. Pour vous, l’insolence, qu’est-ce que c’est ?
Guillaume Gallienne : Ah oui, avec Les bonus ! Écoutez, moi je ne pense pas forcément à l’insolence. En revanche, c’est vrai que je déteste le politiquement correct. Je trouve que c’est une arme de faux-cul. Je trouve que c’est ouvrir la voie royale aux pervers et aux hystériques. Je ne pense pas à l’insolence en tant que telle, je pense à vriller quelque chose, à m’amuser des petits travers qu’on a tous et qu’on retrouve d’une manière très concentrée dans le milieu du cinéma.
 
©Cosimo Mirco Magliocca

Franc-Parler : Vous êtes sociétaire de la Comédie-Française. Qu’est-ce que cela signifie ?
Guillaume Gallienne : On est coopté sociétaire par l’assemblée des sociétaires une fois qu’on a été en tant que pensionnaire, proposé par le comité. Ça, ça m’est arrivé il y a 4 ans après 7 ans en tant que pensionnaire. Et lorsqu’on est sociétaire, en fait on devient actionnaire de la société des Comédiens-Français qui est une société privée mais au sein d’un organisme public. C’est très particulier, je crois que c’est unique et ça signifie que les sociétaires sont intéressés au bon fonctionnement de la maison. Ils sont tellement intéressés que ce sont eux qui composent autour de l’administrateur qui est nommé par le président de la République, le comité qui est en fait le conseil d’administration. Chaque année, il y a 3 sociétaires qui sont élus par l’assemblée des sociétaires et à l’issue de ce vote, l’administrateur en nomme 3 autres, plus le doyen qui a un siège permanent. Concrètement, c’est ça. Maintenant d’une autre manière, ça signifie des responsabilités artistiques plus fortes. On est donc garants de la tenue du spectacle, de l’image de la maison. Une maison qui dépasse les égos puisque c’est une maison qui ne met en avant qu’elle-même et surtout sa troupe. L’essentiel de la Comédie-Française, c’est la troupe et donc, c’est pour ça qu’il n’y a pas de série individuelle, c’est toujours la troupe. Et le vrai ciment de ça, c’est la société.
 
Franc-Parler : Ce qui fait que vous avez des activités en dehors de la Comédie-Française puisque vous jouez également dans des films. C’est pour sortir de ce léger côté “carcan” ?
Guillaume Gallienne : Ah oui, complètement. D’abord parce que je m’arrange. Je trouve l’énergie et le temps de le faire mais c’est aussi parce que j’ai toujours fait ça. À chaque fois que j’étais dans un endroit, j’ai toujours travaillé en dehors, en même temps. Quand j’étais élève, quand je prenais des cours de théâtre, en même temps, je travaillais dehors. Pour moi, le seul moyen de grandir de façon équilibrée à l’intérieur, c’était de pouvoir me voir aussi de l’extérieur. C’est essentiel. Si vous voulez, je ferais ça, j’ai envie de dire pour tout, sauf le couple (rires). Ça fonctionne pour tout sauf pour le couple puisque le couple, c’est l’inverse presque. Il a en lui une énergie que j’arrive à vivre pleinement mais surtout pas à l’extérieur.
 
©Maxime Bruno/Canal+

Franc-Parler : Lorsque vous jouez un rôle, pour aborder un personnage, est-ce que vous avez une approche particulière lorsque vous jouez, par exemple, un rôle de femme ? C’est une façon de jouer différente ?
Guillaume Gallienne : Non, pas du tout. C’est ce qui fait d’ailleurs que je peux les jouer, ce sont des personnages que je peux m’approprier autant que d’autres. C’est-à-dire que je ne me sens jamais obligé de dénoncer le fait que je joue une femme. Si je joue une femme, je l’aborde de la même manière que si je jouais un roi ou un vieux ou un enfant ou un technicien ou un réalisateur. C’est à chaque fois un personnage. C’est-à-dire, une femme, c’est pas juste une femme en plus, c’est une femme directrice de casting, une actrice…Après, il se trouve que je m’inspire souvent des mêmes femmes, en l’occurrence beaucoup ma mère qui est une source d‘inspiration intarissable. Mais je ne fais pas la différence et je ne comprends pas qu’on la fasse d’ailleurs. C’est un rôle, c’est tout. Du coup, je ne sens pas ma virilité en danger au cas où on me prendrait vraiment pour une femme, ce n’est pas mon problème. Mon métier, c’est d’être comédien et d’emmener les gens dans la fiction que je leur propose. Le mieux, c’est de le faire de la façon la plus crédible possible. Donc, tant mieux s’ils me prennent pour une femme. Tant mieux s’ils oublient que je suis un homme pendant quelques secondes.
 
Juin 2009
Propos recueillis : Éric Priou
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