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La francophonie au Japon

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La chanteuse Marie-Paule Belle
Article mis en ligne le 1er septembre 2004
dernière modification le 23 mai 2023
Marie-Paule Belle, parisienne et française
 
Marie-Paule Belle joue et chante au piano. Pour sa première tournée en juillet 2004 au Japon, elle a choisi d’interpréter Barbara. Un avant-goût, peut-être, avant de revenir chanter son propre répertoire qui s’enrichit au cours de sa déjà longue carrière ?
 

Franc-Parler : Pour le public japonais qui vous connaît sans doute peu…
Marie-Paule Belle : Vous pouvez dire pas, je ne serai pas vexée. [rires]
 
Franc-Parler : Pouvez-vous parler de votre chanson phare : La Parisienne ?
Marie-Paule Belle : Oui, c’est un peu ma carte d’identité en France. Alors pour le public qui ne me connaît pas, on va dire que c’est une chanson humoristique très joyeuse avec une musique très dynamique et enlevée qui ressemblerait, un peu dans l’esprit, à de la musique d’Offenbach. Les paroles sont des paroles moqueuses sur la mentalité parisienne, un peu snob qui m’avait frappée lorsque je suis arrivée à Paris parce que j’habitais la province. Voilà. Et donc, cette chanson a très très bien marché parce que les Provinciaux étaient très contents que je me moque des Parisiens et les Parisiens ne se reconnaissaient pas dans ce que je disais et riaient aussi beaucoup.
 
Franc-Parler : Pensez-vous que ce clivage Paris/Province existe toujours ?
Marie-Paule Belle : Oui, bien sûr, parce que je tourne beaucoup en province évidemment. Si on est encore à l’affiche au bout de plus de 30 ans, ce qui est mon cas, c’est que Paris ne suffit pas, je tourne en France et dans les pays francophones et c’est le public de province en somme qui fait notre succès. Et le clivage existe encore beaucoup dans les habitudes, quelquefois aussi dans les mentalités, dans les traditions. Le public parisien est un peu plus blasé par rapport au public provincial qui est beaucoup plus expressif. Aussi dans le quotidien, à onze heures du soir, si on veut trouver un restaurant après le spectacle, c’est impossible en province alors qu’à Paris, il n’y a pas de problème et tout ce genre de choses fait que l’on voit une différence.
 
Franc-Parler : Vous-même, vous considérez vous comme une Provinciale ou une Parisienne aguerrie ?
Marie-Paule Belle : Maintenant, je suis beaucoup plus parisienne et je dois dire que je ne pourrais pas vivre en province maintenant parce que j’ai tellement, mes amis, une partie de ma famille à Paris et mes habitudes. En fait, c’est l’esprit d’anonymat et de liberté à Paris qui est formidable. Bien sûr, on ne sort pas tous les soirs, surtout moi. Je suis assez casanière, mais l’idée que je puisse le faire, aller dans n’importe quel restaurant, voir n’importe quel spectacle quand je veux, ça c’est une grande liberté. En province, c’est comme un grand village en fait, on se connaît, si on fait telle ou telle chose, tout le monde est au courant, c’est ça qui ne me plaît pas trop.
 

Franc-Parler : Vous tournez en France dans quel genre de salles ?
Marie-Paule Belle : Toutes les salles. C’est-à-dire aussi bien les petites salles de 200 à 300 places que les grandes salles nationales à Paris comme le Casino de Paris, j’ai fait l’Olympia aussi. Et je peux faire un petit théâtre de 200 places pour avoir un rapport très très intimiste et sensuel avec le public. Ce n’est pas du tout le même travail quand on est devant 200 personnes. Parce qu’on est contre leur souffle finalement et leur regard et on n’a pas ce grand trou noir qu’on a dans les grandes salles. En France, mon but et mon désir étant de chanter partout pour toutes sortes de publics dans toutes les municipalités, je vais donc dans toutes les villes qui ont des petits et des grands budgets. Mon spectacle coûte très peu cher, je suis seule au piano et j’ai deux techniciens. Donc, c’est l’avantage, je peux aller chanter partout et tout le monde peut me voir. Et ça, c’est ce que j’aime. Bien sûr, il faut faire de la promotion : télévision, sortir des disques, faire de la radio, mais ce n’est pas ce côté marketing qui m’intéresse. Ce qui m’intéresse, c’est la communication directe avec le public et l’échange sur scène parce que c’est la véritable définition de l’artiste.
 
Franc-Parler : Vous avez aussi chanté dans des cabarets ?
Marie-Paule Belle : Quand j’ai commencé à chanter, à l’époque pour se faire connaître, il fallait chanter dans des cabarets parce que c’est là où les auteurs-compositeurs se faisaient connaître. Si on voulait connaître quelqu’un de nouveau, on allait dans ces lieux-là : L’écluse, L’échelle de Jacob. J’ai fait beaucoup de cabarets et puis après, j’ai été remarquée. J’ai eu de la chance et j’ai commencé à faire des théâtres comme Bobino, l’Olympia, Le Théâtre de la ville et mon nom a grandi peu à peu.
 
Franc-Parler : Quelle est votre part de création dans les chansons que vous chantez ?
Marie-Paule Belle : Je compose toutes les musiques de mes chansons, quelquefois les textes. Quand j’ai des chansons autobiographiques à écrire, je pense qu’il n’y a que moi qui peut sortir mon émotion, donc j’écris les textes à ce moment-là. J’ai des auteurs particuliers qui sont fidèles, et à qui je suis fidèle depuis le début. Des paroliers surtout qui sont des écrivains, donc d’une très grande qualité littéraire : Michel Grisolia qui est un écrivain et un scénariste de grands films français et puis Françoise Mallet-Joris qui a écrit des best-sellers et qui fait partie du jury de l’Académie Goncourt ; elle en est vice-présidente. Donc, j’ai une chance formidable d’avoir une grande qualité d’écriture et en même temps pas littéraire, pas élitiste, pas marginale, des mots qui sont du quotidien et qui vont dans la rue.
 
Franc-Parler : Vos chansons sont-elles traduites en d’autres langues ?
Marie-Paule Belle : Oui, je sais que des chansons ont été traduites en allemand, parce que j’avais écrit une chanson qui s’appelait Wolfgang et moi qui était une chanson humoristique qui racontait l’histoire de la petite sœur de Mozart qui disait que c’était elle qui avait tout composé et qu’elle réclamait ses droits d’auteur et que Wolfgang était un usurpateur. C’était une chanson drôle sur une musique un peu mozartienne et puis j’avais écrit une chanson avec des images très belles qui avait été écrite par Françoise Mallet-Joris et Michel Grisolia sur le Berlin des années 20 avec toute cette époque décadente comme ça. Pour le reste, en anglais, je ne pense pas mais je sais que je suis chantée en français dans beaucoup de pays parce que quand je reçois mes droits d’auteur, dans les feuilles de la SACEM, je sais que je suis chantée dans des pays où on ne parle pas du tout français comme la Finlande, le Qatar… Je chante toujours en français, même quand je vais à l’étranger parce que je parle très mal anglais. C’est peut-être une question de paresse aussi parce que le fait de traduire toutes les chansons dans une autre langue à chaque fois, ce serait compliqué. Et je pense que les chansons que je chante ont un esprit très français et je ne sais pas si on pourrait retranscrire l’état d’esprit qui est donné dans mes chansons dans une autre langue.
 
Franc-Parler : Vous faites cette tournée de chant Barbara dans quel contexte ?
Marie-Paule Belle : En France, j’ai commencé le 5 mars 2001. Donc, ça fait trois ans et demi que je tourne avec ce tour de chant. Je ne m’attendais pas du tout à ce succès parce que je pensais faire quelques mois de tournée. Pour moi, c’était une parenthèse dans ma carrière. C’était un hommage que je voulais lui rendre parce que c’est grâce à Brel et à Barbara que je chante et quand je les ai vus sur scène, ça a été une très grande émotion. Depuis cette époque, je veux leur dire merci et surtout, à Barbara qui était la première femme auteur-compositeur à cette époque et qui parlait de l’amour. Bien sûr, je voulais le faire de son vivant mais entre temps, elle nous a quittés et j’ai beaucoup hésité parce que je pensais que son public qui est très très fanatique, était encore dans le deuil. Et puis finalement, je me suis laissée faire et ça a été un succès délirant, délirant partout et je n’arrive pas à arrêter ce spectacle. J’ai encore des dates même pour la rentrée. Comme le public de Barbara est en manque de ses chansons, finalement je prends un peu le relais dans la tradition de ce qu’elle faisait. Je me sens de la même famille. Avant de faire ce spectacle-là, j’avais déjà introduit dans mon propre tour de chant Il pleut sur Nantes. Je lui avait demandé : « Est-ce que ça t’ennuie si je chante Il pleut sur Nantes dans mon tour de chant ? » et elle m’avait fait cette réponse formidable : « Tu me fais un cadeau. » Et en fait en me disant ça, c’est elle qui me faisait un cadeau.
 
Septembre 2004
Propos recueillis : Éric Priou
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