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La francophonie au Japon

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La volée d’castors, groupe de musiciens québécois
Article mis en ligne le 1er mars 2003
dernière modification le 23 mai 2023
La Volée d’castors : Tapez du pied !
 
Ils ont six jeunes musiciens âgés de 24 à 32 ans, avec une longue expérience de la scène derrière eux, qui prouvent que la musique traditionnelle québécoise est dans le vent. Ils seront à Tokyo le 20 mars, le temps d’animer la Nuit de la Francophonie. La parole est à l’aîné, Martin Mailhot, un des membres fondateurs du groupe.
 

Franc-Parler : Quelle est l’origine du nom de votre groupe, La Volée d’Castors ?
Martin Mailhot : C’était une plaisanterie que nous avions entre nous. On faisait partie d’une troupe de danse et vous savez, au Québec, on aime bien se réunir autour d’un feu le soir. Et on jouait de la musique autour du feu et puis la plaisanterie a commencé comme ça : « Eh les gars, regardez la volée d’castors dans le ciel. » Alors naturellement, c’est de lever la tête et tout le monde est parti à rire, c’est impossible, une volée de castors. Une volée d’outardes, oui, une volée de canards, oui mais pas une volée de castors. On a trouvé la plaisanterie assez drôle et puis on s’est dit que c’était un nom accrocheur. C’était il y a onze ans que nous avons nommé notre groupe La Volée d’Castors.
 
Franc-Parler : Quel est votre rôle ?
Martin Mailhot : Je suis accordéoniste. Je joue du bodhran, c’est un instrument de percussion. C’est d’origine irlandaise. Ça se joue avec une mailloche. Je joue aussi du djembé qui est un instrument de percussion. Je ne suis pas chanteur principal, mais je participe aussi aux voix pendant le spectacle.
 
Franc-Parler : Le djembé est un instrument africain…
Martin Mailhot : Oui, c’est parce qu’on fait beaucoup de mixage dans notre musique et puis c’est un bel instrument. Au Québec, c’est très populaire. Vous savez que Montréal, c’est une ville multi-ethnique et on a eu la chance d’avoir des instruments qui viennent d’un peu partout dans le monde.
 
Franc-Parler : Quelle est la place de la musique traditionnelle québécoise au Canada ?
Martin Mailhot : Présentement, il y a un regain de popularité de la musique traditionnelle parce qu’il y a beaucoup de groupes qui existent tant au Québec qu’au Canada. Il y a la fameuse Bottine souriante qui fait des spectacles un peu partout dans le monde depuis presque déjà trente ans. Eux, nous ont montré la voie. Il y a un regain d’énergie, d’efforts. Il y a plein de belles choses qui se passent au sein de la musique traditionnelle québécoise.
 
Franc-Parler : Avez-vous tout de suite connu le succès ?
Martin Mailhot : Non, ça a mis du temps parce qu’au départ, nous étions des danseurs et nous avons dû apprendre à jouer de la musique avant de performer. Nous avons fait un premier album puis un deuxième et puis ça a pris le troisième album pour vraiment se faire connaître au Québec et au Canada. Nous avons été mis en nomination aux Juno Awards qui sont comme les Grammys américains, c’est au niveau canadien. Ça a permis de nous faire connaître d’un océan à l’autre et puis au Québec, on a gagné le Félix [d’après le poète québécois Félix Leclerc] de l’année pour l’album traditionnel 2001 avec l’album VDC. Alors, ça nous a donné un bon petit coup de main pour se faire connaître et prouver que nous étions un groupe majeur.
 
Franc-Parler : Quels sont les instruments traditionnels de la musique québécoise ?
Martin Mailhot : L’accordéon diatonique, le violon, la guitare, la mandoline, la contrebasse, ce sont les instruments traditionnels que nous utilisons. C’est certain qu’en tournée, on ne peut se permettre d’apporter notre contrebasse avec nous parce que c’est un très gros instrument, alors on prend une basse électrique. On utilise aussi le tapeur de pieds qui est vraiment traditionnel. C’est celui qui est assis sur une chaise et qui bat la mesure avec les pieds. Frédéric Bourgeois qui fait la podorythmie est l’un des meilleurs au Québec. C’est un jeune de 24 ans qui était un danseur, un gigueur et il fait des merveilles avec sa planche.
 
Franc-Parler : Vous tournez principalement sur quel genre de scènes ?
Martin Mailhot : Des salles de spectacles au Québec, les festivals folk dans l’ouest du pays, Calgary, Vancouver, ces endroits-là. L’été dernier, nous sommes allés en Italie faire des festivals, en Angleterre, en Espagne. On a fait des salles en Suisse et au Danemark. Ça va très bien.
 
Franc-Parler : Qu’est-ce qui vous distingue des autres groupes ?
Martin Mailhot : Je crois que c’est notre énergie qu’on dégage sur scène. Parce qu’on est très animés, on aime se bouger avec nos instruments, on a la chance d’avoir une technique qui nous le permet. Alors, avec un spectacle de La Volée d’Castors, on peut lâcher notre fougue, c’est-à-dire se promener sur scène, chanter, faire de petites mises en scène. Et puis la musique est très énergique alors, c’est tout le montage du spectacle qui est à découvrir à ce moment-là. C’est aussi notre joie de jouer ensemble, on était des amis avant tout, avant d’être des danseurs et des danseurs avant d’être des musiciens. Alors ça paraît sur scène.
 
Franc-Parler : Alors, public de bois, s’abstenir ?
Martin Mailhot : Ah oui, s’abstenir. On va aller les chercher, c’est certain ! On va les faire taper des mains, on va tout faire pour que les gens bougent et passent un bon moment avec nous parce que nous, on aime passer un bon temps avec les gens qu’on rencontre.
 
Franc-Parler : Quelle est l’origine de votre répertoire ?
Martin Mailhot : On prend des musiques de vieilles chansons traditionnelles françaises qui sont parvenues jusqu’à nous au fil du temps parce que vous savez, le Québec est francophone. On a été colonisés par les Français, puis par la suite par les Anglais et puis il y a eu beaucoup de cultures qui se sont mêlées à nous. On les reprend, on va dans les familles faire des cueillettes de vieilles chansons traditionnelles. On va dans les universités, on va un peu partout. On reprend ça sur de vieux vinyles qui ont été enregistrés, il y a trente ou quarante ans. Et puis on essaie d’avoir des textes qui veulent dire la même chose que la vie quotidienne il y a cent ans ou deux cents ans. On les remet, on les peaufine, on les dépoussière et on essaie de mettre ça très actuel et très entraînant. C’est comme ça un peu notre démarche. Il y a aussi le côté musical. On va chercher des pièces musicales du terroir québécois. Mais notre force à nous, c’est de composer de nouveaux airs pour que dans trente, quarante, cinquante ans, nos pièces de musique deviennent des pièces de musique traditionnelles de répertoire. C’est un peu ça notre mission, faire connaître la musique traditionnelle et en ajouter un peu dans le répertoire québécois.
 
Franc-Parler : Ces musiques d’origine française sont de quelles régions
Martin Mailhot : D’un peu partout. Du Poitou, de la Normandie, de la Bretagne, du sud de la France, de la Gascogne parfois. Parfois près de Paris, de Lyon. C’est d’un peu partout en France que nos racines s’inscrivent. Ce qui est formidable, c’est que nos chansons que nous avons préservées dans le répertoire québécois, on retourne en France et les Français les reprennent. Ils viennent les chercher ici et ils les refont en France. Je pense au groupe Mes souliers sont rouges qui ont fait ça. Ils sont venus dans la région de Lanaudière. Ils ont pris quelques chansons et ils sont partis en France avec cela pour faire connaître au public français. Ça a l’air de très bien fonctionner. Alors, nous on est déjà dans le répertoire. C’’est notre répertoire maintenant, ce n’est plus un répertoire français parce que c’est abandonné par les Français au cours des années ou transformé ou changé.
 
Franc-Parler : C’est quel genre de chansons ?
Martin Mailhot : Des chansons à boire. Comme vous le savez, ici au Québec, il y a trois sujets de conversation dans la musique traditionnelle : à boire, le mariage et les filles. C’est à peu près cela. Il y a toujours de la boisson qui est mêlée à nos chansons. Peut-être que c’est le climat froid qui fait qu’il y avait beaucoup de boisson qui circulait à l’époque dans les chaumières, mais c’est toujours ça qu’on retrouve.
 
Mars 2003
Propos recueillis : Éric Priou
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